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DÉBAT | Le CFI a débattu du rôle de l'humanitaire dans la politique d'influence française


Pour débattre du rôle des humanitaires dans la politique d'influence internationale de la France, le Club France Initiative a invité deux spécialistes du sujet, M. Jean-Maurice RIPERT et Mme Phuong DO, à l'occasion d'un débat en ligne organisé lundi 28 novembre. Jean-Maurice RIPERT est le Président de Plan International France, une ONG membre de Plan International, un réseau constitué d'ONG qui agissent dans 78 pays pour faire progresser les droits des enfants et l'égalité filles-garçons. Il est aussi Ambassadeur de France honoraire. Phuong DO est la Directrice générale de Passerelles numériques, association reconnue d'intérêt général qui propose des formations techniques courtes et professionnelles dans le secteur du numérique, ainsi qu'un accompagnement vers l'emploi, à des jeunes étudiants défavorisés. Elle opère principalement au Cambodge, aux Philippines, au Vietnam et à Madagascar.

Les acteurs humanitaires français sont devenus des acteurs reconnus et incontournables des relations internationales à mesure que le besoin humanitaire augmentait. Qu'il s'agisse d'aide d'urgence ou d'aide au développement, l'action humanitaire est de plus en plus utile à un nombre croissant de personnes dans le monde et dans la durée, du fait de la multiplication et de la prolongation des crises (guerre, pauvreté extrême, catastrophes naturelles, etc.). Médecins sans frontières, Médecins du monde, Handicap International, Secours Catholique, Action contre la Faim, Croix-Rouge, etc. : tous ont gagné en compétence et professionnalisme jusqu’à potentiellement peser sur la relation bilatérale entre la France et le pays où ils interviennent. Cette “quasi-diplomatie” non gouvernementale peut peser sur un agenda - bilatéral ou international - conduisant les acteurs étatiques et interétatiques traditionnels à percevoir ces ONG tantôt complémentaires, tantôt concurrentes de leur mission. Dans un contexte où les travailleurs humanitaires occidentaux sont parfois perçus comme les incarnations d’un “néo-colonialisme” et à ce titre pris pour cibles, leur action contribue-t-elle à brouiller et à perturber celle de l’État français ? Au contraire, à quelles conditions peut-elle contribuer à la clarifier et à la stabiliser, partant contribuer à renforcer l’influence internationale de la France ?

Au terme du débat, plusieurs analyses, observations ou suggestions de Jean-Maurice RIPERT et Phuong DO ont tout particulièrement retenu l'attention du Club France Initiative :

  • La réorientation de la diplomatie française vers la défense des "droits humains" est une ambition non seulement légitime mais aussi utile pour la défense des intérêts de la France, tant les uns et les autres sont consubstantiels. A fortiori au moment où les régimes autoritaires rejettent les droits et les valeurs universels.

  • Si la France est le 5e bailleur de l'OCDE en matière d'aide au développement et si le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères finance une partie significative de l'action humanitaire des ONG françaises, le retard du pays dans le financement des programmes des Nations unies et des institutions spécialisées explique les difficultés de la France en termes d'influence et de "placement" d'experts nationaux au coeur de la fabrique des décisions humanitaires.

  • L'action humanitaire est d'autant plus efficace qu'elle se déploie dans le cadre d'une stratégie globale, laquelle implique - autant que possible - que la France coordonne l'action des ONG, souvent réticentes voire réfractaires, notamment via les "facilitateurs" que sont les ambassades et les coordinateurs humanitaires.

  • Les "mastodontes" anglo-saxons assèchent beaucoup ble marché des programmes internationaux, aux dépens des plus petites ONG.

  • L'un des critères du succès de l'action humanitaire d'une ONG peut être celui de la transition progressive d'un programme "d'urgence" à un programme "de développement".

  • L'appui des acteurs locaux est déterminant : la possibilité d'une action humanitaire s'arrête là où commence la mauvaise volonté des acteurs et pouvoirs locaux…

  • Les ONG françaises, plus que celles d'autres pays, attachent de l'importance et des moyens à la bonne compréhension culturelle et sociétale des pays où elles interviennent.

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