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INTERVIEW | "Anne GENETET, députée au service de l'influence de la France"

Cette interview a été réalisée par Delphine JOUENNE et d'abord publiée par le média en ligne A Priori(s) qu'elle a fondé en mai 2022. Nous la remercions pour son autorisation d'en reproduire ici un extrait et vous encourageons vivement à découvrir aussi A Priori(s).



Anne Genetet est élue députée en juin 2017 (Renaissance) pour la 11e circonscription des Français établis hors de France qui recouvre 49 pays d'Asie, d'Océanie et d'Europe orientale, dont la Chine et la Russie. En 2019, elle a créé le « Club France Initiative », cercle de réflexion autour de la place des communautés de Français établis à l’étranger dans une stratégie d’influence globale.


Vous êtes députée des Français établis hors de France pour la 11 -ème circonscription, combien de nos compatriotes sont concernés ?


Dans ma circonscription Asie, Océanie et Europe orientale qui se compose de 49 pays allant de la Russie à la Nouvelle-Zélande en passant par l’Ukraine et l’Iran, nous dénombrons 152 000 Français inscrits au registre consulaire. Néanmoins, on peut estimer qu’ils sont plus nombreux car beaucoup de Français ne s’inscrivent ni au registre consulaire ni sur les listes électorales. S’il est donc très difficile de savoir précisément, nous estimons leur nombre à 200 000.


Vous travaillez sur une zone géographique très large, de l'Europe centrale à l'Asie, comprenant la Chine et la Russie, arrivez-vous à porter la voix d'enjeux si variés à l'Assemblée nationale ?


La zone à couvrir est très vaste et concentre les principaux points chauds de la planète. Citons la confrontation entre l’Ukraine et la Russie, le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, celui entre l’Inde et le Pakistan, la situation extrêmement dégradée en Iran, la guerre civile en Birmanie, la Corée du Nord, l’Afghanistan, sans oublier la tension dans le détroit de Taiwan et plus largement en mer de Chine. Je ne veux pas omettre non plus les îles du Pacifique qui sont les premières touchées par la crise écologique et font l’objet de toutes les attentions des puissances régionales.


Je crois profondément que le monde a basculé vers l’Asie. Je vis moi-même depuis presque 20 ans à Singapour. Ici, tout va très vite. Si les Américains ont engagé la politique dite du « pivot asiatique » dès 2008 sous l’administration Obama, c’est parce que la rivalité USA – Chine est en train de redéfinir la géopolitique mondiale. Dans ce contexte, j’essaie – à mon échelle – de faire connaître ces enjeux et de faire des propositions pour que la France puisse tirer son épingle du jeu.


Aujourd’hui, l’urgence, c’est la guerre en Ukraine. Je m’y suis rendue à plusieurs reprises avant le début du conflit car les enjeux étaient déjà très significatifs et j’y ai accompagné la Présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, au mois de septembre. C’est sans doute le premier affrontement direct issue de la nouvelle donne mondiale avec d’un côté le bloc des démocraties libérales et de l’autre celui des régimes autoritaires. Malheureusement, cela ne sera sans doute pas le dernier. D’ailleurs, pour paraphraser le « think tanker » Thomas Gomart des « guerres invisibles » ont déjà démarré dans de nombreux secteurs.


Je suis également membre de la quasi-totalité des groupes d’amitié des pays de ma circonscription et je préside le groupe d’amitié avec l’Australie. L’Australie est un pays stratégique pour la France et il faut retisser le lien après la trahison d’AUKUS. Le nouveau gouvernement australien souhaite ce rapprochement. C’est aussi dans ce pays qu’il y a la plus grande communauté française de la région avec plus de 20 000 de nos concitoyens. Ainsi, j’essaie de m’investir dans la diplomatie parlementaire pour améliorer les relations entre la France et les pays de ma circonscription.


Bien sûr, je voyage beaucoup. Je suis aussi engagée au sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN car si c’est une alliance militaire, c’est d’abord une alliance politique. Lors du précédent mandat, j’ai fait voter une résolution pour condamner le coup d’Etat en Birmanie. Enfin, j’essaie de m’impliquer pour faire émerger une véritable stratégie indopacifique pour la France. Je pense que c’est un sujet majeur pour l’avenir de notre pays. 93% de notre zone économique exclusive s’y trouve. Lorsque l’on sait le potentiel de la mer aussi bien sur le plan écologique qu’économique, c’est une ressource colossale pour la France. « Qui tient la mer, tient le monde », toutes les grandes puissances le savent et c’est pourquoi elles se tournent vers le Pacifique et l’Océan Indien qui est tout aussi important.


A ce sujet, vous avez fondé le Club France Initiative, à quels besoins cela répondait-il et à quel moment ?


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