ÉDITO | Mobiliser l'influence française pour enrayer la contraction de la communauté française à l'étranger
L'année qui s'achève devrait confirmer la tendance lourde, depuis cinq ans, à la contraction de la communauté française à l'étranger. Entre 2020 et 2021, le Registre des Français établis hors de France avait déjà relevé une baisse de -4,2%. Bien sûr, toutes les zones géographiques ne sont pas touchées de la même façon. L'année dernière, certains pays ont même vu leur communauté française croître très rapidement - pays Baltes, Mexique, Emirats arabes unis, Qatar, etc. Mais d'autres ont connu une décroissance préoccupante, à l'instar de la zone Asie-Océanie en général, de la Chine en particulier : -11,5% en 2021, avec une diminution forte à Shenyang (-17,8%) et Wuhan (-13,3%), également tangible à Hong-Kong, Pékin, Shanghai, Chengdu (entre -12 et -10%) et Canton (-6,5%). Les principales raisons sont connues : la crise sanitaire, ses conséquences économiques, les décisions plus ou moins coordonnées prises par les pays en matière d'ouverture des frontières, sans toujours se soucier de la réciprocité des conditions d'accueil des ressortissants, ou encore la reprise de divers programmes de coopérations et d'échanges. A terme, ce qui est en jeu, c'est la pérennité de la présence française dans certaines zones stratégiques pour l'avenir du monde. Fer de lance de la mobilité internationale, pour étudier, travailler ou entreprendre, la communauté française à l'étranger est une chance pour la France. Ne perdons pas cette chance ! Heureusement, ces principales raisons ne sont pas irréversibles. Et la communauté française à l’étranger est majoritairement installée de façon durable. Elle compte d'ailleurs environ un tiers de binationaux. Enfin, la France est une puissance de solutions, avec le souci des équilibres mondiaux. Or, nous avons la conviction que l'influence française a désormais un rôle à jouer au service de l'équilibre mondial, de sorte que la mobilité internationale reste attractive pour nos compatriotes et ne devienne pas synonyme d'instabilité internationale et personnelle. C'est tout l'intérêt de ce travail de réflexion approfondi sur les interactions entre l'influence de la France et la communauté française à l'étranger. La seconde contribue à la première. La première facilite la seconde. Au cours de l'année qui s'achève, notre Club France Initiative s'est modestement efforcé de nourrir ce dialogue. Il poursuivra cette ambition l'année prochaine. Pour qu'une contraction conjoncturelle n'évolue pas en rétrécissement durable.
Anne GENETET Présidente
Christian KOENIG Secrétaire général
INTERVIEW | Jean-Maurice RIPERT : à la recherche du compromis, sans concessions
Jean-Maurice RIPERT est ambassadeur de France, Président de l’ONG Plan International France et Vice-président de l’Association française pour les Nations Unies (AFNU).
Club France Initiative | Vous avez été Ambassadeur de France en Grèce, en Chine et en Russie, Représentant de la France auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies puis secrétaire général adjoint de l’ONU, ambassadeur de l’Union européenne en Turquie, Conseiller diplomatique ou technique de plusieurs ministres - dont le Premier ministre Michel ROCARD et le Secrétaire d’État à l’action humanitaire Bernard KOUCHNER. Quel est le fil rouge qui donne sa cohérence à votre engagement professionnel ?
Jean-Maurice RIPERT | Dès le début de ma carrière, en 1980, je me suis passionné et donc concentré sur ce que l’on appelle aujourd’hui les "enjeux globaux" - développement durable, climat et environnement, droits humains, terrorisme, gouvernance mondiale, participation de la société civile - et sur la gestion des crises, notamment sur le plan humanitaire.
J’ai travaillé pendant près de 30 ans sur à peu près tous les dossiers traités aux Nations Unies et dans l’ensemble des institutions spécialisées du système multilatéral. Pendant dix ans, j’ai ensuite occupé des postes d’ambassadeur bilatéral, mais toujours en suivant de près l’évolution des politiques des pays où je servais sur ces dossiers multilatéraux. J’ai consacré beaucoup de mes efforts à la défense des droits humains et à la lutte contre toutes les formes de discrimination, partout où elles se produisent.
Enfin, il a toujours été essentiel pour moi de valoriser et de bâtir sur l’approfondissement de l’Union européenne, à laquelle je suis particulièrement attaché.
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DÉBAT | Le CFI a débattu du rôle des journalistes dans la politique d'influence de la France
Le Club France Initiative a débattu le 19 décembre du rôle des médias et des journalistes dans la politique d'influence internationale de la France, avec deux correspondants français à l'étranger : Matthieu MABIN, correspondant de France 24 à Washington (Etats-Unis), et Grégory PLESSE, correspondant de SBS French à Sydney (Australie).
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ENTRETIEN | Quelle diplomatie du sport pour renforcer l'influence internationale de la France ?
A l'occasion de la Coupe du monde de football au Qatar, Vincent BERTHIOT, Délégué général du Club, échange avec Jean-Baptiste GUÉGAN, Consultant et enseignant en géopolitique du sport, sur le thème de la diplomatie du sport et de l'influence internationale de la France.
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La "francophonie économique", levier d'influence pour tous les pays francophones
La 2e rencontre des entrepreneurs francophones (REF) organisée par l'Alliance des Patronats Francophones à Abidjan (Côte d'Ivoire) fin octobre a réuni les délégations d'entreprises de 28 organisations patronales membres autour d'une même conviction : pour mieux exploiter le potentiel économique de la francophonie, la communauté internationale des entrepreneurs francophones a intérêt à intensifier ses relations économiques et commerciales dans le cadre d'un "Commonwealth francophone", pour reprendre la formule du Président du MEDEF français Geoffroy ROUX DE BÉZIEUX, en complément de l'action de l'organisation internationale de la francophonie (OIF), laquelle est mobilisée prioritairement sur les thèmes de la culture et de la diplomatie.
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NOTE | Emmanuel LINCOT revient sur le rôle de la diaspora dans une politique d'influence
Après son débat avec Eva NGUYEN BINH, Ambassadrice et Présidente de l'Institut Français, Emmanuel LINCOT revient dans une note de synthèse sur la question "Quel rôle pour la diaspora dans une politique d'influence à l'international ?". Emmanuel LINCOT est Professeur à l’Institut Catholique de Paris, sinologue, chercheur associé à l’IRIS. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Chine et terres d'islam, Géopolitique du patrimoine et Chine, une nouvelle puissance culturelle.
1/ Le rôle actuel de la diaspora chinoise dans la politique d’influence de la Chine
Emmanuel LINCOT : Il est essentiel car cette diaspora est présente sur les cinq continents et constitue autant de relais d’influence pour la Chine. Les deux plus anciennes diasporas chinoises au monde sont celles de la Californie (30 % de ses habitants sont d’origine asiatique et notamment chinoise) et de la France (établie dès la fin de la première guerre mondiale). Il convient toutefois de la dissocier de ceux que l’on appelle les ressortissants (280000 personnes au début des années 80 ; 150 millions avant la pandémie) c’est-à-dire des hommes d’affaires, des étudiants qui, eux, n’ont pas vocation à rester dans le pays d’accueil.
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DÉBAT | Le CFI débat du rôle de la diaspora dans une politique d’influence à l’international
Eva NGUYEN BINH, Ambassadrice et Présidente de l'Institut Français, et Emmanuel LINCOT, Professeur à l'Institut Catholique de Paris, sinologue et chercheur associé à l'IRIS, ont débattu sur le rôle de la diaspora dans une politique d’influence à l’international, à l’occasion d’un débat en ligne animé par Anne GENETET, Présidente du Club France Initiative, le 17 octobre.
La diaspora, levier indispensable
Parce qu’ils ont une connaissance fine et durable du pays où ils sont établis, à la différence des diplomates astreints à la rotation diplomatique, les membres de la diaspora constituent pour Eva NGUYEN BINH un levier d’influence “indispensable”. Aussi appelle-t-elle de ses vœux une cartographie des Français de l’étranger, ainsi que des étrangers qui ont étudié ou travaillé en France et pourraient servir de relais d’influence, et des pouvoirs publics plus à l’écoute pour impulser des dynamiques collectives. Encore faut-il, bien sûr, que la politique d’influence de la France soit formalisée et partagée, et que l’Exécutif mette en exergue tel ou tel aspect du “récit français” en fonction du pays récepteur.
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Source : Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, Feuille de route de l'influence, page 12.
Alice EKMAN, Dernier Vol pour Pékin, Paris, Editions de l'Observatoire, 2022, 240 p.
Jacques PRIOL, Joé VINCENT-GALTIE, Ni surveillance, ni consumérisme algorithmique. Vers un modèle européen alternatif pour les villes intelligentes, Etudes de l'Ifri, novembre 2022
Antoine BONDAZ, La France, une puissance d’initiatives en Indo-Pacifique, Note de la FRS n°37/2022, 15 novembre 2022
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