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L’Oncle Sam met les points sur les i !


Le président américain, Joe BIDEN, a effectué une visite surprise à Kiev, lundi 20 février.
Le président américain, Joe BIDEN, a effectué une visite surprise à Kiev, lundi 20 février.

Si vous cherchiez une illustration de la puissance, il suffisait de voir les images du déplacement à Kiev puis à Varsovie du président américain Joe BIDEN. Aucune autre visite d’un chef d’Etat auprès du président ZELENSKY n'avait donné cette impression. Après 1 an de guerre, le président des Etats-Unis a souhaité montrer au monde entier que son administration continuerait à soutenir l’Ukraine face à l’invasion russe. Le message est clair !


Une visite historique

C’est en "leader du monde libre" que Joe BIDEN s’est rendu en Ukraine. Il est venu affirmer que "la liberté n'a pas de prix" et qu'elle "vaut la peine de se battre aussi longtemps qu'il le faut". Il a rappelé qu'il s'évertuait à rallier le reste du monde à la cause ukrainienne depuis qu’il détient les analyses lui permettant d’anticiper l’attaque menée par la Fédération de Russie. C’est ainsi en "meneur" d’une coalition d’une cinquantaine de nations, au-delà de l’OTAN, que le président Joe BIDEN était en Ukraine.

Après la déconfiture afghane et quatre années confuses sous la présidence TRUMP, les Etats-Unis ont ainsi dissipé tout éventuel doute : il faut encore compter durablement sur leur hyperpuissance !


Démocraties libérales v. régimes autoritaires

Pour l’Amérique, ce qui se joue en Ukraine, c’est le destin de l'ordre international fondé sur une forme d’occidentalisation du monde. L’enjeu ne serait rien d’autre que de continuer à faire tout ce qui est possible pour que la "démocratie occidentale" gagne ce nouveau combat.

La "désoccidentalisation" du monde paraît aujourd’hui évidente. C’est d’autant plus limpide au regard de la position des grands pays émergents (Inde, Brésil, Afrique du Sud) et de nombreuses puissances régionales (Turquie, Israël, Arabie Saoudite) face à la guerre d’Ukraine. Ce qui est également limpide, c’est que l’axe Pékin – Moscou est coordonné. Depuis 2012, le président XI et le président POUTINE, son "meilleur ami" se sont rencontrés des dizaines de fois pour célébrer "l’amitié éternelle" entre leurs pays. Ainsi, 20 jours avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine, les deux dirigeants se rencontraient pour déclarer que l'amitié entre les pays "n'a pas de frontières" et qu'il n'y a pas "de zones interdites dans la coopération". Difficile d’imaginer que le pouvoir chinois n’était pas dans la confidence de l’invasion imminente. Depuis, la Chine apporte à la Russie un soutien sans équivoque. Les échanges commerciaux sino-russes ont progressé de + 29 % en 2022, atteignant 189 Md$. En outre, la Chine participe très activement à la guerre informationnelle russe. L’objectif n’est, ni plus ni moins, que de renverser l’ordre international dominé par les démocraties libérales avec à leur tête l’hyperpuissance américaine.


Nouvelle "Nouvelle Frontière"

Force est de constater que les démocraties sont plus solides qu’elles n’y paraissent. Leurs réactions à la pandémie, bien que plus lentes au démarrage, ont montré leur solidarité et leur résilience. En novembre 2020, les Etats-Unis ont choisi la modération en élisant un démocrate "établi". Aujourd’hui, ils n'ont jamais été aussi riches, demeurent le champion incontesté en matière d’innovation et leur budget militaire reste 3 fois supérieur à celui de la Chine, sans parler d'une expérience et d'un savoir-faire militaire sans égal.

Pour rompre avec la surconsommation d’énergies fossiles et passer aux énergies propres, l’Amérique a produit la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, IRA). Celle-ci n’hésite pas à offrir des baisses d’impôts massives sur 10 ans et à introduire des mesures contraires aux règles de l’OMC. Le pari de l’IRA, c’est de décarboner l’Amérique. Les subventions permettraient de décarboner totalement l’électricité américaine à l’horizon 2035 et de donner un coup d’accélérateur à la voiture électrique. En outre, l’objectif est de prendre un temps d’avance sur l’industrie et les technologies vertes qui sont au cœur de la croissance d’aujourd’hui et de demain. Son principal concurrent : la Chine ! La boucle est bouclée. Le mythe de la "Nouvelle Frontière" est réactivé : si l’Amérique réussit le pari de BIDEN, elle prendra le leadership économique et réputationnel pour faire réussir la transition écologique mondiale et ainsi conforter son hyperpuissance.


Et la France ?

La rivalité sino-américaine redéfinit les relations internationales. La France n'a probablement plus les moyens de ne pas choisir son camp. La voie d'une "puissance d’équilibre(s)" est un chemin de crête, avec un risque non négligeable de marginalisation, faute de lisibilité pour ses principaux alliés. Et ceux-là sont d’abord et avant tout les Européens et les Américains, ce qui se joue aujourd’hui n’étant rien d’autre qu’une nouvelle lutte contre les régimes autoritaires et subversifs. Si l’Occident doit abandonner sa volonté hégémonique, elle devrait toutefois continuer à défendre ses valeurs humanistes : la liberté, la démocratie, le pluralisme, le droit face à la force.

Face aux déceptions de l’Europe puissance, la France pourrait réinvestir l’Alliance Atlantique dont elle est la deuxième force, en cessant de tergiverser. Il lui faudrait aussi mieux composer avec ses partenaires européens, sans nombrilisme hexagonal. Pour nos voisins, la force de l’Union européenne, c’est son marché, sa politique commerciale, sa capacité à imposer ses normes. Réinvestissons l’Union, non pas en essayant de diffuser notre modèle français mais en tirant profit des règles du jeu en cours. C’est une France plus réaliste qui pourra mieux peser, aux côtés de l’hyperpuissance américaine, pour répondre aux défis posés par la désoccidentalisation du monde.


Vincent BERTHIOT

Délégué général du Club France Initiative

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