Alors que le commerce extérieur de la France connaît une phase de fortes turbulences, l’autre point de vigilance concerne notre attractivité. Depuis une petite dizaine d’années, la France a pris une série de mesures amplifiées depuis 2017 pour renforcer son attractivité auprès des investisseurs. Avant la crise sanitaire, tous les voyants étaient au vert, mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Un effet Covid inévitable
L’année 2019 avait été une année record pour la France, devenue le pays le plus attractif d’Europe. Mais 2020 est un sérieux coup de froid puisque les investissements étrangers ont reculé de 35% à 50% selon le baromètre EY !
Cette situation n’est évidemment pas spécifique à la France et les trois quarts des dirigeants interrogés par le cabinet de conseil prévoient d’annuler, de réduire ou de reporter leurs projets d’investissement en Europe.
La France reste dans le top 3 des pays qui demeurent les plus attractifs derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Notons ici que l’enquête a été réalisée avant le Brexit et l’accord final entre la Grande Bretagne et l’Union Européenne.
Pour 57% des décideurs, le plan de relance allemand apparaît comme le plus solide et le plus à même de rassurer les investisseurs concernant la situation à moyen et long terme de notre voisin d’Outre-Rhin. Son plan de relance par la demande, notamment grâce à la baisse de la TVA, est très bien considéré. 43% des décideurs voient également d’un bon œil le plan d’investissement français et la perspective de moyen / long terme. Ainsi, la France reste un pays attractif pour 39% des dirigeants interrogés.
En l’absence de vision à court terme sur l’évolution de la pandémie, 74% des dirigeants interrogés prévoient d’annuler, de réduire ou de reporter leurs projets en Europe. Ils sont 42% à anticiper dès cette année une réduction de leurs volumes d’investissement.
L’Europe, une valeur refuge
Malgré la difficulté de la période, il se pourrait toutefois que l’Europe tire son épingle du jeu ou à tout le moins s’en sorte moins mal que d’autres. En avril, plus de 50% des dirigeants estimaient que l’Europe attirerait moins les investissements dans l’après Covid-19. Ils ne sont plus que 27% à le penser. Selon Marc Lhermitte, associé chez EY, cette évolution serait liée ”à la satisfaction des dirigeants concernant le plan de relance de 750 milliards d’euros de l’UE et les plans nationaux”. 25% des personnalités interrogées estiment même que l’Europe sera plus attractive dans le monde d’après, contre seulement 8% en avril. Ainsi pour beaucoup d’entreprises et en particulier les multinationales, l’Europe pourrait devenir une valeur refuge. Néanmoins, comme nous l’annoncions déjà en juillet 2020, les relocalisations attendront. Seuls 24% des dirigeants sont séduits par l’idée de relocaliser leur production en Europe. Ils étaient 37% en avril dernier.
La transformation ou le déclin
La Covid-19 ne rebattra pas toutes les cartes de la compétition mondiale. Néanmoins, l’ampleur de la crise et ses répercussions ne font qu’amplifier les mutations et les maux que nous connaissons déjà. L’après-crise devra être pour la France un moment de refondation. Il faudra continuer à transformer notre économie pour la rendre toujours plus attractive, permettant ainsi de recréer un appareil productif digne de la sixième économie mondiale. Dissocier attractivité et réindustrialisation comme le font certains est une vue de l’esprit. En ce sens, la baisse des impôts de production de 10 milliards € dans le budget 2021 est une excellente nouvelle. Enfin, il faudra revoir complètement notre politique et nos outils vis-à-vis du commerce extérieur qui est en train de sombrer alors que notre balance commerciale est structurellement déficitaire depuis 20 ans. Le soutien technique et financier pour l’export mais également le travail sur notre soft power et la marque “France” doivent être parmi les premiers chantiers à aborder dès ce début d’année 2021 en anticipant la reprise économique. Il en va de la survie de nos entreprises, de l’emploi en France et tout simplement de l’avenir de la France. Attractivité – commerce extérieur – soft power sont les maîtres mots pour pouvoir rester demain dans la course des puissances mondiales.
Vincent BERTHIOT, co-fondateur du Club France Initiative
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